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Wilfried
IRL
INRP
STATS
Wilfried
Votre rang ici
# Dim 13 Aoû - 12:56
Hors rp
Wilfried ▬ In memorio E5619c10
Pseudo et pronom : Anagram (Il/lui)
Où as-tu connu Lumbrileto: Je suis parti et je suis reviendu
Double compte : Nope
Avez-vous lu les textes de l'Initiation et si oui, sans spoil, qu'en avez-vous pensé ? J'ai tout bien lu, c'est sad un peu quand même ;w;
Une dernière chose à dire ? : Je suis bibliothécaire (à peu près, c'est plus facile à dire comme ça), j'ai un chat peureux qui répond au doux nom de Roi Salomon, j'adore les tartes à la patate douce et me plaindre pour rien. 25 ans, presque 26 et la fin des tarifs jeunes dans les musées...
   
 
Wilfried
Wilfried ▬ In memorio 8f55e011
▬ Surnom : Wilfried
Son prénom, tout simplement.
▬ Age : Entre 30 et 35 ans
Il est né en 1917.
▬ Entrave : Syndrome de Stress Post-Traumatique & Culpabilité
La guerre, les camps et ses horreurs l’ont marqué au fer rouge.
▬ Groupe : Parenovico
N’a pas voulu savoir, se sait trop peu stable, a peur de ce qu’il pourrait découvrir, l’ignorance est la promesse d’une vie plus douce et pleine de désillusions.
▬ Nationalité : Allemand
A vécu la montée du nazisme, l’horreur de la guerre et le reste, il répète qu’il n’a jamais voulu tout ça, mais il n’a jamais rien dit pour l’en empêcher.
▬ Genre : Masculin
Ne s’est jamais questionné.
▬ Orientation : Demi-hétérosexuel et demi-hétéroromantique
En vérité, ça n’a plus tant d’importance, il n’a aimé qu’une seule personne, elle n’est pas là aujourd’hui mais ses sentiments sont encore toute à elle, et uniquement à elle.
▬ Religion : Protestant
Très croyant, plus par tradition que par réelle réflexion sur la religion, il va à l'office tous les dimanches matins, prie, se confesse mais pas sur tout ce qu’il fait ou a pu faire dans sa vie.
▬ Poste : Tanneur, maroquinier, bottier et cordonnier
Ĉe la ŝuisto, qu’il est écrit sur la devanture de son magasin.
▬ Lieu d'habitation : Domo
Son commerce au rez-de-chaussée, son appartement au premier.
▬ Date d'arrivée : Mois 6, jour 13 - 1949
▬ Avatar : Caleb Widogast - Critical Role

Caractère :
▬ Travailleur
▬ Perfectionniste
▬ Minutieux
▬ Organisé
▬ Lâche
▬ Anxieux
▬ Apathique
▬ Réservé
▬ Taciturne
▬ Bon-vivant
   
En Bref

En arrivant à Espero, Wilfried ne se souvenait que de peu de choses. Wilfried, son prénom. Et Marlène. Marlène, une lueur au milieu de l’Enfer.

Wilfried dira qu’il n’a jamais voulu la guerre, que ce n’était pas de sa faute. Qu’il a subi, comme beaucoup d’autres. Pourtant, elle existe encore dans le fond de sa mémoire. Et les bruits, et les chars, et les tanks, et les coups de fusil. Les crimes de guerre, il en a commis. C'était les ordres, mais ça ne résout rien. Ça ne résout pas les maisons brûlées, les villages pillés, les civils fusillés ou pendus, les Juifs déportés. Wilfried a regardé, mais il n'a rien dit. Wilfried a agi, mais il n'a pas contesté. C'était eux ou moi.

Wilfried dira qu'il l'a mérité. Le camps de prisonniers, le travail forcé. Et la peur, le froid, la faim, la maladie. Il avait l'impression qu'il ne s'en sortirait jamais, mais qu'il l'avait bien mérité. Que ce n'était rien, et que ce n'est pas ces six années de servitude qui pourront expier ses crimes.

▬▬▬▬
Wilfried, ça reste encore dans le fond de sa mémoire, ça revient dans ses rêves et surtout dans ses cauchemars. Il a peur des bruits, il a peur des chiens - un rien le ramène sur le front ou dans les camps. Il a encore sur la langue le goût de la boue et du sang, l'odeur des cadavres en putréfaction et de la poudre des canons.

Wilfried, ça reste encore dans le fond de sa mémoire. Le visage de ces gens, il se souvient des détails, il se souvient des scènes. Ils sont nombreux, trop nombreux - des hommes, des femmes, des enfants. Qu'il ait agi ou non, Wilfried a le sang de milliers d'innocents sur ses mains.

▬▬▬▬
Wilfried, voilà plus de onze ans qu'il s'est réveillé à Espero. Parmi les premiers, arrivé seulement six mois après la découverte de ce lieu. Il se souvient des visages et du peu de personnes qu’il y avait là. Il se souvient, des arrivées, des disparitions, des départs. Il se souvient surtout de son désir de vie normale. Parce que Wilfried, il n'a jamais rien demandé de plus que cela. Il a ouvert une boutique, et il fait des chaussures. Il s'en satisfait - il ne sait faire que ça de toute façon.

Wilfried attend le Jugement Dernier. Il sait qu'il finira par y passer, et il sait où il terminera son existence. Ce ne sera pas une surprise, alors il attend. Mais parfois, il se demande tout de même ce qu'est devenue Marlène.


Physique & Caractère
Physique
▬ 1m74 pour 64kg ▬ Roux vif, parfois foncé selon la lumière ▬ Cheveux mi-longs à longs ▬ Souvent attachés en queue de cheval ou chignon négligé ▬ Yeux bleus, perçants, terriblement expressifs ▬ Vestige d’un nez cassé ▬ Des tâches de rousseur sur tout le visage, les épaules, le dos ▬ Toujours un air cassé et fatigué ▬ Quelques cicatrices sur les mains, dans le dos, sur le torse ▬ S’habille de chemises blanches, de pantalons en lin, d’un long tablier en cuir, de bretelles ▬

▬▬▬▬
Wilfried porte dans sa chair les restes de sa vie passée, et encore plus dans le fond de ses yeux. Il porte sur le visage son air brisé, et le poids des regrets sur ses épaules légèrement affaissées. On voit qu'il a vécu dans le fond de ses cernes, de ses insomnies et de ses cauchemars qui le hantent souvent les soirs dans le silence d’une porte close. Les quelques cicatrices de coups et de brûlures, le vestige d’un nez autrefois brisé qui n’est plus droit tout à fait, témoignent de cette période dont il préfère désormais se rappeler par à-coups.

Wilfried porte dans ses habits la marque de son époque, et de sa classe sociale surtout. Car il n’a jamais été un grand, et jamais il ne le sera. Il se plaît à s'habiller de ses vêtements d’artisan, de ses trois tenues qui composent sa garde-robe sans oublier celle du dimanche. Il se plaît à sentir l’odeur du cuir de son tablier et de ses gants, et à lacer ses chaussures toujours impeccables.

Wilfried porte sur lui l’odeur de son travail, il sent le cuir tanné et la cire d’abeille, la poussière de son atelier et la sueur du travail manuel. Il sent le bois scié et l’odeur légèrement citronnée qu’il utilise sur les vitres de ses présentoires. Il sent la terre retournée, l’amour de ses plantes et l’amour de ses livres. Il sent l’odeur de la chicorée, rarement celle du café et encore moins souvent celle d’un cigare dégoté on ne sait où. Lui parfois sent la terre et la boue, la poudre et un goût de fer dans le fond de la gorge.

Caractère
▬ Travailleur ▬ Perfectionniste ▬ Minutieux ▬ Organisé ▬ Lâche ▬ Anxieux ▬ Apathique ▬ Réservé ▬ Taciturne ▬ Bon-vivant ▬

▬▬▬▬
Wilfried se plaît à sembler parfaitement normal, artisan appliqué, à presque s’en demander ce qu’il fait dans ces contrées. Il semble vivre une vie classique, ficelée, ancrée dans les habitudes qui sont les siennes. Wilfried ressemble un peu trop à monsieur-tout-le-monde, à un homme tout à fait banal venu d’une époque qui ne l’est pas tant.

Wilfried est perdu, dans le fond de son esprit. Pris dans les rouages de son temps, rouages qui se plaisent à écraser tous ceux qui y passent. Il est à la fois victime et acteur de sa misère, victime et acteur de ses actes et de leurs conséquences. Wilfried vit encore dans l’ombre de cette époque, et dans l’ombre de ce pays qui fut le sien - contradictoire que sont les sentiments à son égard. Il l’adule et en a honte, en est fier et tremble pourtant à l’évocation de son nom, et il craint les regards lorsque l’on associe l’Allemagne et les années 30.

Wilfried a peur d’être pris pour celui qu’il n’est pas. Mais encore plus que tout, Wilfried a peur d’être pris pour celui qu’il est réellement. Alors il se cache sous ce masque de normalité, de cette normalité qu’il aurait tant aimé embrasser.

Car c’est sous ce masque que facilement se cachent les monstres.

L'Avant & l'Après
L'Avant
Wilfried se rappelle encore - des immeubles de briques jaunes, de l’odeur du cuir tanné, de la voix rauque qui l’appelle au travail. Il se souvient du froid doucereux qui accompagne chaque année nouvelle, et chacun de ses anniversaires.

Dortmund est jolie en hiver.

Il a dans le fond de ses yeux les visages de sa mère et de sa sœur aînée, comme copie l’une de l’autre tant la ressemblance est frappante. Frappante comme son père, parce que l’on souffle dans la rue que sa fille n’est pas tant sa fille, que son fils n’est pas tant son fils, les dates ont ce quelque chose de troublant, l’humiliation est totale alors et il se venge sur toute la famille. Il a également dans le fond de sa poitrine la voix de son frère cadet, enfant qu’il a essayé de tout son cœur d’aimer en sa qualité d'aîné - enfant torpillé bien trop jeune comme beaucoup d’autres gamins, et il l’a pleuré, Wilfried, pas par amour mais par culpabilité, parce qu’il n’a pas réussi à l’adorer comme il aurait dû.

Wilfried se plaît à se souvenir de cette enfance normale en apparence mais pas tant en vérité. Car il est né sur les ruines d’un pays vaincu et déshonoré, humilié par le voisin français, mué par un esprit de revanche qui fut probablement bien trop fort. Wilfried se plaît à se souvenir des quelques photographies qui ornent la pièce de vie, un luxe pour une famille comme la leur. Cordonnier de père en fils et de père en fils - pas les filles, pas les mères, un métier d’homme, voyez. Leur famille est moyenne dysfonctionnelle, on ne peut plus classique en apparence. On se fait beau les dimanches pour aller à l’église, on est très pieu par ici mais c’est surtout pour masquer tout ce qui ne va pas. Parce que son père, il cogne, il tabasse, pour étouffer la honte de pas être son père, il lui a pété le nez deux fois déjà, cassé le bras et brûlé le dos de ses mains à la cigarette. Son père est quelqu’un de rude, il est vrai - travailleur surtout, c’est lui qui transmet ce qu’il sait, et le goût de la perfection. Wilfried héritera de la boutique ou pas, ce sera probablement le plus jeune, car c'est lui le vrai fils.

Wilfried va à l’école, comme tous les enfants de son âge pourrait-on se dire. C’est une petite classe uniquement pour les garçon, parce qu’on séparait les filles et puis il n’y va pas souvent en vérité, son père le ramène à la maison pour travailler, il faut qu’il apprenne, à son âge, je bossais déjà, c’est comme ça que tu pourras avoir un avenir.

▬▬▬▬
Son père, il admire les militaires - il les déteste plus que tout, il a vécu la Grande Guerre et ça l’a marqué jusque dans sa chair, et puis c’est à cause d’eux que sa famille n’est pas sa famille alors lorsqu’est remis en marche la conscription, il y envoie son fils avec grand plaisir.

Tu seras soldat, mon fils - aussi glorieux que je le fus avant toi, et tes ancêtres également, ceux de la Grande Guerre et de la Guerre franco-prussienne. Et peut-être que tu crèveras comme eux, mon fils, que je n’ai plus à supporter ta simple existence. Son père développe depuis quelques années une admiration malsaine pour le chancelier en place, la propagande fait bien son boulot, il dit à Wilfried que s’il ne comprend pas, c’est parce qu’il ne réfléchit pas assez, idiot qu’il est, mais Wilfried est persuadé que c’est parce qu’il réfléchit trop. Au service militaire, Wilfried est entouré de jeunes gens comme il est, tous fiers de servir leur pays car quelle fierté il n’y aurait pas à défendre nos couleurs. Wilfried est terrorisé. Il apprend à manier des armes qu’il apprend tout autant à détester, conduire des chars, et respecter les ordres. On lui inculque le goût de la discipline, celui de l’ordre, la peur de l’autre, et des plus puissants. Baisse donc les yeux et fais-toi petit.

▬▬▬▬
Wilfried se rappelle encore - ces bâtiments de pierres apparentes, en moellon brossé, quelque peu jaunâtre, il est vrai. Wilfried se rappelle de la douceur du temps de là-bas, dans l’Ouest de la France, et du froid sec qui accompagne chaque nouvelle année et chacun de ses anniversaires.

Fleuré est jolie en hiver.

Wilfried porte sur le visage ces quelques mois de guerre éclaire, et le souvenir de ces milliers de réfugiés qui fuient l’invasion allemande. Il voit encore le regard de ces gens qui les fusillent, eux les sales Boches qui marchent sur leur pays. Il voit également le ciel couvert de la fin de la journée, lorsqu’il rentre dans cette maison qui n’est pas chez-lui, mais chez autrui, ce quelqu’un qui n’est jamais revenu d’on ne sait où. Wilfried est dégoûté lorsqu’il s’installe sur le lit, alors il préfère dormir sur les canapés du salon.

Wilfried garde avec un camarade le point de passage entre la France Occupée et la France Libre. C’est un boulot calme, il est vrai - toujours plus que la guerre - et il laisse passer les réfugiés, pas tous, il en a déjà arrêté, parce qu’ils étaient Juifs ou recherchés, et depuis lors on ne les a jamais revus, boit pas mal et peut-être même un peu trop. Le village est un village perdu, moins de cinq-cents habitants, alors c’est toujours tranquille.

Wilfried n’aime pas ce job.

Wilfried se rappelle surtout et avant tout de Marlène. Marlène, c’est la fille du maire - une française donc, alors il ne faut pas que ça se sache, il ne faut pas que ça s’ébruite. Qu’est-ce qu’on lui ferait à lui ? Et surtout, qu’est-ce qu’on lui ferait à elle ? Elle est à peine plus jeune qu’il ne l’est, a un visage rond, des formes généreuses, une chevelure châtain, des yeux noisettes et une odeur de miel. Marlène, elle est la vie au milieu de la guerre, elle est la lumière dans tout cet Enfer, elle est celle qui lui fait oublier les horreurs et les bruits des canons. Marlène, il se surprend à imaginer le reste de sa vie avec elle, à revenir après la guerre pour l’épouser quitte à s’enfuir au loin - en Suisse ou en Irlande, pays restés neutres - afin de pouvoir simplement vivre ensemble sans subir les regards et les chuchotis qui glissent sur leur passage. Wilfried se plaît à se rappeler de ces moments-là, où ils ne sont plus que deux au monde, des caresses et des baisers, et du bonheur simple à s’endormir dans le creux de ses bras.

Wilfried se dit que ça ne pourrait pas durer ainsi pour toujours, et fatalement après plus de deux années, la Guerre et le front à l’Est reviennent le hanter. Lorsqu’il reçoit sa convocation, il doit partir deux jours plus tard, départ précipité. Marlène vient le trouver, elle a un retard, explique-t-elle, de près d’un mois - il faudrait partir, il faudrait s’enfuir. Wilfried refuse, ils seraient recherchés, fugitifs. Il l’enlace pour une dernière étreinte. Et il promet qu'il reviendra, une fois la guerre terminée et quelle qu'en soit l'issue - car à cet instant, il ne s’en préoccupe plus.

▬▬▬▬
Wilfried balaie le champ de bataille de son regard désormais perdu, certains soufflent que ce front ressemble à la Grande Guerre - il n’en sait rien, ne peut faire la comparaison. Mais il est vrai que l’on attend, longtemps dans le froid et dans la boue, face à ce climat rude qu’est celui de la Russie soviétique. C’est une guerre d’idéologie, une guerre dans laquelle Wilfried ne pense qu’à sa survie - alors c’est pour ça qu’il suit les ordres, qu’il incendie les bâtiments, et isole les civils, regarde les pendus danser au vent. Wilfried a appuyé sur la détente, il n’a pas compté combien de fois. Il sait qu’il évite ainsi la cour martiale, qu’il évite d’être fusillé pour insubordination ou désertion, qu’il évite de se retrouver à leur place.

Wilfried ne voit plus qu’un monstre lorsqu’il se regarde dans le miroir.

Il sent encore l’odeur des corps calcinés, ceux de ses camarades ou ceux des autres qu’il faut évacuer. Il les ramasse à la pelle, les mains tremblantes, les dents serrées. Il sent encore le froid mordant de la Russie, qui tue presque autant que les armes. Il ressent la faim dans le creux de son bide, lorsque les garnisons sont bloquées par la neige ou l’armée ennemie. Il ressent la peur de la bataille prochaine, c'est pire - bien pire - que ce ne le fut en France. Wilfried vit dans le bruit constant des avions qui plongent au-dessus de leurs têtes, des fusils qui crachent leurs balles, des tanks qui écrasent tout sur leurs passages. Le silence est rare mais inquiétant tout autant, signe de la reprise toute prochaine des combats.

Wilfried ne dort plus des nuits. Il ignore si c’est parce qu’il craint le bruit, ou si c’est parce qu’il craint de se retrouver face aux visages des morts. Pour la première fois de son existence encore courte, Wilfried connaît le froid, et la faim, et la peur de cette guerre qui dure trop longtemps et détruit tout sur son passage. Wilfried se persuade qu’il n’a pas le choix.

▬▬▬▬
Wilfried se souvient de ses mains tremblantes, et de la fatigue harassante qui le prend souvent. Wilfried a froid, Wilfried a faim. Il s’est rendu, c’était plus simple lorsque l’armée a été décimée. Il a préféré, on pourrait le traiter de lâche mais il veut plus que tout survivre pour revoir Marlène et leur enfant. Wilfried bosse, et ainsi passent les journées. La prison militaire est rude, il est vrai. Wilfried et les autres travaillent jusqu’à douze heures par jour, parfois plus - il ne compte plus vraiment depuis lors. L’hiver n’apporte aucun changement, si ce n’est des vêtements un peu plus chauds. Wilfried s’est déjà réveillé, avec sous les yeux le visage pâle et froid de l’un de ses camarades, et c’est lui qui a dû l’enterrer. Ils sont tribus de guerre, autrefois soldats et désormais plus grand-chose, maintenant employés à la reconstruction du pays. Wilfried bûcheronne, coupe des arbres principalement. Parfois, on l’envoie sur des constructions, ou en menuiserie, ça change. Les morts sont légions dans les camps - les morts de froid, les morts de faims, les morts de maladie. Wilfried a de la chance, il sait faire autre chose. Il est cordonnier, avant même d’être soldat. Alors on prend soin de lui, à peu près.

Mais Wilfried finit par attraper le typhus. L’épidémie s’est déclenchée, alors qu’on soufflait çà-et-là que bientôt tous les soldats allaient finir par rentrer. Mais il ne sait plus, Wilfried, s’il délirait ou non à cause de la fièvre. Comme il ne sait plus, s’il délire encore.

L'Après
Espero est comme un drôle de rêve, paradis succinct et étrange, éphémère et modulable. Wilfried arrive tôt dans son Histoire, très tôt. Il est l’un des premiers, au sixième mois après sa découverte - ils sont moins de vingt habitants. Wilfried est découvert aux abords des bois, nu et amaigri, cheveux coupés courts, errant comme d’autres avant lui. Ses souvenirs sont presque tous enfouis, mais quelques-uns tout de même retrouvent le chemin de sa mémoire.

Il y a son prénom. Et Marlène.

Wilfried ne parle ni l’espéranto, ni l’anglais. Il parle l’allemand, capte quelques mots de français, et baisse brusquement les yeux lorsque le russe est évoqué. Wilfried est mutique, perturbé, instable. Hypersensible et en colère contre le monde. Il est apathique, parfois pendant des jours, puis s’éveille brusquement, enrage et s’énerve, et se calme tout aussi soudainement. Wilfried pleure souvent, mais ce n’est pas de sa faute, dit-il, il ne fait pas exprès, il ne sait pas ce qu’il a. Il supplie souvent, de ne pas le renvoyer là-bas. Là-bas, il ne sait pas, la guerre et les camps qu'il ne veut plus revoir.

On comprend, rapidement et aisément, qu’il sait travailler le cuir. Lui-même ne sait pas comment, lui-même ne sait pas pourquoi. Mais on le met à ce poste, parfois à d’autres selon ce qu’il faut, et ça lui convient bien.

▬▬▬▬
Wilfried, il lui faut des mois avant que ne commencent à revenir les mauvais souvenirs, ceux de la guerre et ceux des morts. Il tente de se reconstruire, d’aspirer à cette vie d’apparence normale qu’il aurait tant souhaité. Et il réapprend, au fil des arrivées, des souvenirs, des discussions - l’Allemagne nazie, la guerre, la terreur. Il réapprend, ce à quoi il a participé. Et il se dit, comme beaucoup d’autres, qu’il ne savait pas. Qu’il n’avait pas le choix. Et il a honte, honte, si honte. Tant qu’il ne voudrait que rien ne soit réel. Ça pourrait le faire gerber, dégoût profond de ce qu’il a cautionné par son simple silence et plus encore. Tout au fond, Wilfried voudrait se persuader qu'il ne savait pas.

Mais la vérité, c’est qu’il savait. Tout le monde savait. C’étaient des rumeurs qui grondaient au sein des armées. Tellement énorme, tellement horrible que l’on a préféré ne pas y croire.

▬▬▬▬
Peu à peu, le village se structure, s’organise. Wilfried se rappelle de ceux qui étaient là. Il y a celui qui attend, patiemment malgré ses craintes et son mutisme. Il y a la gamine, celle qui parle tout autant que lui. Il y a cet autre homme, qui semble lui en vouloir sans que Wilfried n’en comprenne la raison. Et il y a les tous les autres, perdus et retrouvés ici-bas.

D’autres viennent, et rares sont ceux qui partent.

Au fils des mois et des ans qui passent, Wilfried parvient à retrouver cette vie presque normale qu’il aurait souhaité - il ouvre une boutique à son nom, fait des chaussures. Ça lui convient bien. Il se demande parfois, comment est la vie en-dessus, Wilfried se pense sous terre, au Purgatoire, et attend la mort, la vraie et l’Enfer qui suivra.

Souvent, il pense à Marlène. Et inconsciemment, à cet.te autre qu’il a perdu.

Entrave & Reflet
Entrave
Wilfried est comme un équilibriste. Il danse, il danse sur le fil de ses traumatismes, et risque encore de basculer facilement - si facilement. Un rien les déclenche, ces crises et ces flash insupportables. Un pétard ou le bruit d’une porte qui claque, un tapis que l’on frappe contre un mur, des feux d’artifice, l’odeur de brûlé ou un cri, un gémissement. Un rien qui le ramène là-bas, sur le front ou dans les camps, aux côtés des morts qu’il aurait dû rejoindre.

Wilfried voit encore dans le mouvement des oiseaux -les avions qui plongent ; dans le regard d’un chien -ceux qui dévorent ; dans les ombres des arbres -les chars qui foncent ; dans le visage des passants -ceux qu’il a abandonné derrière.

Wilfried en rêve, encore bien trop souvent et bien loin de ce Reflet qui est le sien. Ce sont des rêves, ou bien plutôt des cauchemars, qui l’éveillent encore la nuit en sursaut, avant que ne retombe le silence. Wilfried est une bombe, une bombe à retardement - un rien et tout explose. Très instable, trop instable de part ses souvenirs. Il en fait bien souvent, des crises paniques, où la respiration se coupe, où la boule grossit dans le fond de sa poitrine, où le fait s'étouffer sa simple existence.

Wilfried a peur, il a peur de se réveiller là-bas, et plus que tout encore, il a peur de lui-même. Il a peur de qui il est, de ce qu’il a fait, de ce qu’il craint de se souvenir. Il craint alors le regard des autres, et ce qu’ils pourraient penser. Wilfried le sait pourtant dans le fond, qu’il a tenu l’arme et qu’il n’a pas bronché. Il a honte, il est vrai, de qui il est et de ce qu’il a fait, alors parfois il voudrait simplement recommencer.

Wilfried préfère pourtant - vivre avec ses traumatismes qu’avec la certitude d’être un monstre.

Reflet
Wilfried est lourd, lourd, si lourd dans ce Reflet, comme s’il était fait de plomb. Et tout est sombre, et tout est noir, lui également. Sa peau est recouverte de -cendre, ses cheveux de -suie, et il a beau frotter et frotter, rien de part et tout reste -détruit. Des lieux qu’il a connu ou qu’il pense reconnaître - des immeubles en briques jaunes, un camps militaire, cette boutique qui n’est pas tant la sienne et ce petit village au nom fleurit - tout s’effondre et tout brûle.

Wilfried sent. Il sent l’odeur de la poudre à -canon et de l’huile des -tanks. Il sent l’odeur du -sang et celle des -cadavres, celle de la -boue et de la -bouffe moisie. Il sent le -froid des corps pétrifiés, la -chaleur des corps brûlés. Elles parlent, elles parlent les -silhouettes, celles qui savent, celles qui jugent, et celles qui le suivent. Elles sont pâles et cadavériques, il les esquive, il les évite, refuse de les voir.

Wilfried est lourd, lourd, si lourd dans ce Reflet. Et déconnecté. Comme ailleurs, une époque révolue que l’on ne retrouve que dans le fond de son esprit. Il porte sa tenue de -soldat, parfois sa tenue de -prisonnier - mais il a appris à les -confondre.

▬▬▬▬
Wilfried a peur dans le fond de ses tripes. Il a peur de qui il est, de ce qu’il a fait, de ce dont il ne souvient pas. Wilfried a peur de redécouvrir ces vérités - celles qu’il préférait garder cachées.

Et parfois pourtant, elle lui apparaît - elle dont la silhouette est restée gravée dans le fond de sa pupille. Seule source de lumière dans le noir et dans le froid qui l’accueillent. Alors il y va parfois pour espérer la croiser - elle et ses cheveux châtains, elle et ses yeux noisettes, elle et son odeur de miel.

Informations en vrac
Wilfried apprécie le calme, et surtout le calme des plantes. Il les adore et les chérit, les orchidées et les monstera en priorité, mais toutes obtiennent sans peine son affection. Il en a plein alors, partout dans son appartement qui en est rempli, et sa terrasse sur le palier également. Sa boutique ne fait pas exception, puisqu’il s’agit là de la base de sa décoration - parfois on pourrait se tromper, oublier que l’on entre dans une cordonnerie.

Wilfried vit dans sa petite routine, car c’est qu’il y a quelque chose de rassurant en-dedans. Il mange tous les midis ou presque au bistrot, le plat du jour et un demi. Incapable qu’il est de se faire correctement à manger, et incapable qu’il est d’arrêter de boire son verre de bière tous les jours. On le lui a déjà dit - c’est pas bien, il faut arrêter.

Wilfried est un habitué de la bibliothèque, il s’est redécouvert grand lecteur après son arrivée à Espero. Sur ses étagères, les bouquins bougent souvent, changent au gré de ses lectures et de ses emprunts. Il aimerait dire qu’il lit de tout, c’est faux malheureusement. Il a un attrait tout particulier pour les livres classiques, la littérature blanche et les ouvrages historiques, quelques non-fictions et documentaires. Il s’est découvert une passion étrange pour la bande-dessinée franco-belge, depuis peu.

Wilfried a appris à apprécier la musique, et surtout le jazz. C’est une petite musique d’ambiance qui passe dans le fond de son magasin, une musique qu’il a fini par ne plus entendre. Dans son salon, un gramophone trône sur les étagères de sa bibliothèque, et quelques 78-tours également. Il a songé à apprendre d’un instrument, un cuivre pourquoi pas, mais ça lui vrille l’ouïe. Alors il a pensé à du violon, du violoncelle, mais ça ne s’est jamais fait.

Wilfried, devant sa boutique, traînent les chats du quartier. Car s’il a appris à avoir peur des canidés, il a alors développé un amour tout particulier envers les félidés. L’un d’eux est même resté dans la boutique, jamais dans l’appartement, mais il a pris ses quartiers tout de même. L’animal tigré se nomme désormais Katze, parce que ce n’est probablement pas l’imagination qui étouffe le cordonnier.

Wilfried aime sa tranquillité, lorsqu’il n’est pas chez-lui ou dans sa boutique, il n’est pas rare alors de le voir se promener simplement dans le village ou les alentours proches. Il apprécie les champs, le bruit du vent et l’odeur de chicoré qui embaume la place. Il apprécie le son de l’eau aux côtés du barrage. Il apprécie s’asseoir sur un banc et ne rien faire d’autre qu’observer les passants. Parfois, souvent, il se perd, mais ce n’est pas bien grave, il arrive toujours à retrouver son chemin - avec ou sans aide.

Wilfried, car il apprécie les bonnes choses, est un client occasionnel du marché noir. Il y dégote du tabac à rouler, des cigares ou encore du café. Parfois un alcool un peu plus fort que les bières qu'il consomme au bistrot. En échange, il propose ses services gratuitement, ou paye tout simplement. Il considère qu'il ne fait de mal à personne - ce n'est qu'un peu de tabac, n'est-ce pas ?

Wilfried a son accent rugueux de l’Allemagne du Nord-Ouest, légèrement rocailleux et guttural. Malgré tout, il garde la voix douce, presque soufflée, et parvient à offrir à sa langue natale des notes mélodieuses. Contradictoire pourtant avec ses paroles, car il n’a pas un parlé fin, parfois même rude et grossier. De ses injures, il n’utilise que l’allemand - c’est qu’il n’a pas envie que les plus jeunes répètent ses mots.

Wilfried a appris avec bien du mal l'espéranto, il peine encore parfois à trouver ses mots. Il parle également quelques mots de français, appris sur le tas au pays, parfois des mots rudes, parfois des mots doux. Pour autant incapable de tenir une conversation complète dans cette langue, la compréhension est difficile mais possible. C’est encore pire avec le russe, dont il ne se souvient que d’ordres aboyés par ceux en uniforme, et puis il déteste cette langue, s'aplatit lorsqu’on lui parle, baisse les yeux. Réflexe malheureux.
La Strigo
IRL
INRP
STATS
La Strigo
Admin
# Mar 15 Aoû - 20:40
Pré-fiche validée
C'est bizarre, j'ai l'impression d'avoir déjà croisé ce personnage /bam/

Plus sérieusement, bon retour parmi nous ça fait zizir très fort ! Wilfried ▬ In memorio 525462387

Wilhem a toujours un passé aussi tragique et j'aime toujours sa relation à Marlène et je ne suis pas prête pour la suite de cette fiche déjà que la V1 m'avait mis en pls...
mais écrit la vite quand même parce que j'aime souffrir, oui oui.

La Strigo
IRL
INRP
STATS
La Strigo
Admin
# Lun 21 Aoû - 17:26
Fiche validée
J'avais beaucoup aimé la première version de Wilfried et j'aime tout autant la seconde ! Il est agréable de voir les petites différences, ce qui a été retiré et ce qui a été ajouté.
Ta plume est toujours aussi jolie en tout cas et je suis impatiente de jouer avec toi les débuts de Wilfried et de créer un lien entre Sunflower et ton bout !
Re-bienvenue à Espero ! <3

Et zééé parti !!!

Bravo champion.ne, tu as passé la partie la plus difficile quand on commence avec un nouveau personnage !
Les informations concernant ton personnage rejoignent automatiquement les bottins.
Tu peux néanmoins nous décrire ton lieu d'habitation ou de travail ou nous proposer un prédefini/scénario [ICI] .
Pour terminer, n'oublie pas de mettre l'image additionnelle sur ton profil ainsi que de générer ta fiche de personnage . N'hésite pas par ailleurs à faire une demande de RP ou de liens spécifiques [ICI].
Pour terminer, n'oublie pas de générer ta fiche de personnage sur ton profil et n'hésite pas à faire une demande de RP ou de liens spécifiques [ICI].

Bon jeu, bon flood et bienvenue à Espero !
IRL
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