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Gargantua
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Gargantua
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# Mer 23 Aoû - 16:35


Vague à l'âme
Il n'était même pas encore midi que tu sentais le vin monter dans ton crâne. Toi, David : le tranquille professeur d'Espéro. Avec cet air mélancolique qui t'allait autant que le costume noir que te portais, afin de te donner un genre. Peut-être qu'au fond, tu étais complexé par ton ancien statut d'homme de ménage. Toi qu'on disait si distingué, si cultivé autrefois. Ne restait que la honte de ne pas avoir fait de grandes études, et d'avoir échoué en école d'art. Mais voilà, ici tu ne te drapais que d'échouer à tenir tête face aux enfants. Si bien qu'en ce jour de fête, tu acceptais de te relâcher un peu. Tu n'avais jamais aimé te mélanger à la foule, mais la quiétude rassurante d'Espéro te poussait à être sociable. En vérité, tu craignais les rumeurs, le qu'en-dira-t-on, le ton du jugement quand on parlerait de toi.

Finalement, tu avais accepté le petit verre de vin. Tu avais fait mine de refuser : il est tôt, voyons, et puis, et puis... Et puis tu avais accepté. Un verre, puis un autre. Et encore un autre. C'est qu'il n'était pas si mauvais ce vin, et puis il allégeait tes terribles (et ô combien habituels) états d'âme. Dans ton petit carnet, tu consignais maladroitement le visage des gens. Ton esprit pensait tenir le crayon encore droit, mais plus les verres s'étaient alignés sur le comptoir, moins il faisait sens. Les visages étaient gribouillés, déformés, si bien que quand tu montras le portrait de l'aubergiste, celui-ci se mit à rire. Ah voyons ! La grande gloire de Gargantua était mal digérée par l'alcool.

Alors tu retombas dans ta mélancolie coutumière. Il y avait quelque chose chez toi, David, de profondément attiré par les ténèbres. Elles te rassuraient, et te voilà désormais aussi triste et seul, autant.. non bien plus, que si tu étais resté dans ton grenier à peindre.

Il n'y avait rien de beau chez toi, ta cicatrice au visage, tes cheveux gras, tout cela te rendait sinistre. Et même tes yeux verts comme de l'acide ne témoignaient plus d'éclat depuis longtemps. Alors quand tu reconnus la touffe de cheveux roux, tu crus rencontrer un autre sans-éclat. Tu saluas Wilfrid d'un geste de la main, et d'un sourire doux. Tu l'invitas à te tenir compagnie : les prémices s'annonçaient pour faire de toi le gars bourré et chiant que tu gardais dans les placards de ta demeure.

Pourtant, tu lui payas un verre. Et tu te décidas à dessiner son portrait. Sans demander, en te croyant discret, mais tu appuyais trop fort sur la feuille. Le crayon perça, et tu lâchas un petit « ah », avant de soupirer sans te défaire de sourire, pourtant.

Souris, David.

C'est bien la seule chose que tu puisses faire.

« Vous savez, je crois que vous me rappelez quelqu'un. »

Pour toi, les roux se ressemblaient tous.




by lilie
Wilfried
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Wilfried
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# Mer 23 Aoû - 18:16
Vague à l'âme
Gargantua & Wilfried
Il arrive, tapote la porte de l’entrée. Il connaît bien cet endroit, un peu trop il est vrai. Il y connaît ceux qui viennent, habitués comme il est. Il inspire l’odeur forte de chicorée qui règne en ces lieux, regrettant un instant le café. Tant pis, il faudra faire sans. Midi arrive, et ses habitudes également. Comme encore et d’habitude, la petite vie qu’il s’est construite ici.

Un salut à une table, et quelques verres qui s’alignent déjà. Par politesse, il vient s’asseoir - un plat du jour, s’il vous plaît, et une bière si vous en avez. Tu souris, et ce n’est pas réciproque. Il sourit rarement, pourtant son visage reste doux malgré l’apathie de ses traits. Toi, il regarde tes yeux sans expression. Les siens le sont toujours - expressifs. Un drôle d’envers et d’endroit. Il n’y pense plus. Il fixe ton dessin, ce n’est pas des plus glorieux mais qu’est-ce qu’il y a connaît ? Il n’a pas beaucoup été à l’école, et l’art ce n’était pas pour lui. Alors il ne dit rien.

Le crayon traverse la feuille.
Ah.

“Vous savez, je crois que vous me rappelez quelqu'un.”

Wilfried est classique, lambda.
Alors ça ne l’étonne pas.

Toi, tu ne lui rappelles personne. Car sans mentir, avec une cicatrice comme la tienne, il s’en serait souvenu. Dans son esprit, tu es le professeur des écoles d’Espero, et voilà tout. Il ne te connaît pas d’ailleurs, ou du bistrot peut-être. Tu passes souvent, alors il t’y croise. Et fatalement, tout le monde connaît tout le monde par ici.

“J’ai un visage classique.”

Il regarde les verres, en disant ces mots. Il y en a quelques-uns, déjà un peu trop - il ne les compte pas, ce n’est pas la peine. Sa bière arrive. Peut-il vraiment dire quelque chose ?

“Je ne savais pas que vous dessiniez.”

Car à part boire ensemble, vous ne faîtes en vérité pas grand-chose de plus.
Gargantua
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Gargantua
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# Jeu 24 Aoû - 18:52


Vague à l'âme


Ton esprit revenait à tes douleurs de l’âme. Une vague sur le rivage de ton esprit désolé, une présence incrustée dans les pores de ta peau. Mais voilà, David, tu n’étais plus vraiment seul. Un instant, tu t'interrogeas sur le sens de cette solitude. Qu’était-elle vraiment ? Tu te souvenais au loin, des rumeurs sur ta vie de vieux garçons - à l’image de ta tente, mais toi, on disait que tu étais [///].

Wilfrid accepta l’invitation, son regard expressif ouvrit le voile sur ce qu’il ressentait. Tu crus voir du jugement pour ton dessin maladroit, toi, habituellement si doigt de tes mains. Et tu eus honte de présenter quelque chose d’aussi mauvais. Alors tu refermas le carnet, tu l’éloignas de toi - quelque chose que tu ne voulais plus voir ni sentir.

S’il n’était pas roux, Wilfrid aurait pu être intéressant à représenter. Ou bien, tu pouvais jouer avec les ombres et le fusain pour le laver de cette couleur de cheveux horrible. Ce jour que tu as oublié, tu savais au fond de toi que c’était le Diable qui t’avait frappé - ne disait-on pas de Lucifer qu’il était le plus beau des anges ?

« Oh je ne sais pas, lâchas-tu d’une voix douce. Tu te frottas les yeux, le coude sur la table et la fatigue dans les épaules. Tu croisas les jambes. Je ne pense pas qu’il existe de visage quelconque. »

C'était sincère. En peinture ou en dessin, la beauté normée comme on l'imaginait souvent était pleine d'ennui. Tu t'intéressais aux imperfections, à les retranscrire sur un visage avec tes pouces. Tu aimais l'asymétrie des faces, des corps, car ils étaient beaucoup plus vrais. La nature telle que tu la considérais était diversifiée, et c'était là toute sa beauté. Wilfrid n'était pas quelconque, pas comme lui le considérait. Mais tu ne t'élanças pas sur ce sujet ; tu n'étais pas assez ivre pour te laisser aller à tes passions.

Tu repris une gorgée de ton vin, et tu en avais l’odeur collée à ta peau. Et Wilfrid venait de te lancer. Toi, si discret, tu sentais les mots se bousculer dans ta bouche.

« Oui, depuis toujours. Ce n’était pas pour rien que tu enseignais les arts plastiques. On pensait souvent à tort que les mathématiques se dressaient face à la créativité. Mais il n’en était rien, car pour toi les deux avaient un point commun : la rigueur. J’ai mon atelier chez moi. Et je peins, je sculpte aussi. Tu as un autre sourire, encore plus triste que les autres. Je n’en parle juste pas beaucoup. Et vous ? »

Tu n’étais pas très doué socialement. Pour toi, c’était nager dans les profondeurs, et à l’aveugle.



by lilie
Wilfried
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Wilfried
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# Dim 27 Aoû - 12:00
Vague à l'âme
Gargantua & Wilfried
Tu ne sais pas.
Lui non plus.

Il ne sait pas grand-chose, et ne se vante pas du peu qu’il sait. Il n’est sûr de rien, d’autant plus depuis son arrivée ici. Il ignore si, ce dont il se souvient, est la réalité pure et brute - ou son imagination. Il préfère se dire parfois, que rien n’est vrai. Ce serait tellement plus -simple.

“Je ne pense pas qu’il existe de visage quelconque.”
“Je n’ai peut-être pas l’œil, alors.”


Il ne se rappelle que peu des visages. Parfois, il a même l’impression de se découvrir de nouveau, dans le miroir. Parfois encore, il a peur de perdre ceux dont il se souvient, de sa vie d’avant. Selon lui, ce serait pire que la mort. Il griffonne, de temps à autre, afin de ne pas l’oublier, de ne pas la perdre.

Sa plus grande crainte.
Mais ce n’est pas assez bien.

“Oui, depuis toujours. J’ai mon atelier chez moi. Et je peins, je sculpte aussi. Je n’en parle juste pas beaucoup.”

Un artiste. Il ne sait pas quoi en penser, alors il préfère en penser rien. Il joue avec son verre de bière, sans un mot. Comme si la conversation était déjà terminée. Ce n’est rien, il préfère ne pas faire semblant. Le silence peut être aussi tout aussi bon, reposant. Il aime le silence.

“Et vous ?”

Lui, il ne fait rien. Il cligne des yeux, surpris à l’idée que l’on puisse tout de même s’y intéresser. Wilfried est classique, lambda. Il ne fait rien d’intéressant.

“Je fais des chaussures. Depuis toujours.”

Ce fut sa vie - l’apprentissage pour ne rien n’avoir, la guerre, la prison et puis finir ici. Il ne sait faire que ça, Wilfried. Rien de plus. Triste peut-être, parce qu’il le songe réellement. On lui a répété, probablement assez pour que cette idée se grave dans son esprit. Pourtant, une décharge le traverse. Étrange.

“Et je m’occupe de mes plantes.”

C’est important pour lui, soudainement. Qu’il sache faire autre chose que des chaussures. Que quelque chose d’autre puisse compter à ses yeux.
Gargantua
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Gargantua
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# Lun 28 Aoû - 10:11


Vague à l'âme


Wilfried te répondit d'un même ton. Et cela te fit sourire en coin, jusqu'à creuser les fossettes dans tes joues. Déjà, le vin rouge te montait à la tête depuis un moment déjà. Tu pensas fort que tu savais déjà qu'il faisait des chaussures. Ici, tout le monde se connaissait comme un petit village de campagne. Et toi, si tu ne retenais pas forcément les noms, tu te rappelais des visages et des fonctions. Il fallait que tout le monde ait sa place. Ne serve pas à rien. Tu aurais préféré vivre reclus chez toi, dans cette bâtisse rappelant là où tu avais grandi. Plutôt que de mettre la main à la patte ; tu ne pensais pas être fait pour enseigner. De même que peut-être pour Wilfried, il ne s'imaginait pas faire autre chose que cordonnier. Pourtant, l'artisanat avait plus de valeurs que les peintures.

« Des plantes. »

Répétas-tu d'une voix lointaine, pris encore par les chemins interminables de tes réflexions. Au premier abord, tu n'aurais pas deviné qu'un homme comme Wilfried puisse aimer les plantes. Cela ne collait pas avec tes préjugés - un homme rustre et roux. Tu jetas un oeil à ses mains, et tes doigts jouèrent pensivement avec ton verre ; tu tapotais des notes de musique. Un vieux morceau appris il y avait longtemps.

« C'est très bien, les chaussures, soufflas-tu alors. Tout le monde en a besoin. Et tu pensais, contrairement aux sculptures et aux tableaux. Et cette pensée te donna envie de tout détruire autour de toi. Tout ce que tu pouvais créer de tes mains. Déchirer les toiles, réduire en cendre des mois de travail. Cela arrivait parfois, quand le vide artistique devenait trop lourd. Des colères dissimulées à l'abri des regards. On sous-estime ce genre de métiers, mais ils sont nécessaires. Est-ce que dans une autre vie, tu n'aurais pas raté l'école d'art ? Et tu aurais admiré les hommes de ménage de l'université ? Tu n'avais pas eu assez d'ambition, pas de plan B. Et tu avais laissé la Tante Rosie décider de ton existence. L'alcool te rendait aigri et  triste. Des émotions enfouies sous la douceur des sourires que tu lançais à Wilfried. Quel genre de plantes avez-vous ? »

La Tante Rosie aimait son jardin bien entretenu, tu savais quelques trucs et astuces sur ces sujets-ci. Le pommier planté un soir de printemps, alors que la chaleur de la nuit n'était pas trop épaisse. La Louisiane avait ses caprices. Et toi, tu avais craint que Katrina  révèle le corps sous le Pommier, et détruise tout ce que vous aviez bâti. La maison en avait réchappé, le Pommier avait survécu. Selon la Tante Rosie, c'était parce que vous étiez aimé de Dieu. Il protégeait les vrais fidèles.

N'est-ce pas ironique ?




by lilie
Wilfried
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Wilfried
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# Dim 3 Sep - 12:25
Vague à l'âme
Gargantua & Wilfried
Si c’est bien, les chaussures - peut-être. Wilfried ne sait pas, ne fait que ça. Il n’a jamais été doué pour autre chose, pour plus. Il n’a pas eu l’ambition non plus, n’a rien essayé. A part des chaussures, Wilfried n’a rien fait de sa vie.

Ah si, il a fait la guerre.
Il préfère ne pas trop y penser.

“On sous-estime ce genre de métiers, mais ils sont nécessaires.”
“Peut-être. Je ne saurais pas dire.”


Il avale une gorgée de sa bière. La sensation qui descend dans son gosier lui offre une nouvelle étrangeté. Il buvait trop, d’un moment - mais il ignore pour quelles raisons. Il regarde son verre, soudainement dégoûté. Il ne le finira pas, il le sait dors et déjà. Dommage, elle était bonne - et puis il l’avait payée, cette bière.

“Quel genre de plantes avez-vous ?”

Il revoit son appartement, et son magasin, et sa terrasse en toit. Plein. Des plantes, il en a plein. Certains pourraient même dire trop. Mais c’est comme un pansement. Les plantes l’apaisent et le calment, l’empêchent de trop avoir à penser.

C’est reposant, les plantes.

“J’en ai plein, des plantes. Des fougères, des… des philodendrons. Beaucoup de fleurs.”

Wilfried, il n’a pas l’air très dégourdi, intellectuellement parlant. Il paraît toujours un peu lent, un peu ailleurs. Il est l’un des plus anciens, arrivé ici tôt, et il est encore incapable de parfaitement se débrouillé avec la langue. Et Wilfried reste vague, toujours. Il n’aime pas parler, il n’aime pas s'appesantir sur les choses. Il n’aime pas se vanter de ce qu’il sait, parce que les plantes, il les connaît - bien plus que ces trois mots le laissent sous-entendre. Mais il ne le dit pas.

Wilfried est insignifiant.

“Je ne veux pas vous embêter avec tout ça.”
Gargantua
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Gargantua
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# Lun 11 Sep - 11:11


Vague à l'âme


Il y avait quelque chose de chez Wilfried qui t'alertait doucement. C'était la lenteur dans ses mots, les pauses entre chacune de ses paroles. Tu ne savais pas où son esprit l'emmenait, s'il était là avec toi — si ce n'était que son enveloppe corporelle, laissée ici, alors que son esprit vagabondait. Toutefois, ce n'était pas inhabituel ici. Les gens se terraient dans les souvenirs qu'ils ramenaient du Reflet. Du moins pour les plus courageux. Toi aussi, tu avais tes moments d'absence, de contemplations.

Tu ne cernais pas où était l'inquiétude de Wifried, mais voilà qui revenait détailler ses plantes. Tu t'arrêtas sur les fougères. Dans ta tête, c'était un nuisible que la Tante Rosie voulait arracher. Elle aimait les jardins à la française, où rien ne dépassait jamais. Avec la froideur d'un gazon trop court, qui n'absorbait pas suffisamment la chaleur de la Louisiane. À son décès, tu avais laissé le jardin reprendre ses libertés. Tu l'entretenais d'une drôle de manière ; tu aimais l'imperfection de la nature, les herbes hautes et les mauvaises qui poussaient dans tous les sens. Une excuse toute trouvée pour justifier ta paresse à t'occuper de cet endroit.

« Oh. Vous ne m'embêtez pas. Lâchas-tu d'un sourire bienveillant, sans même te douter que tu étais le diable en personne. Tu te croyais bon, car c'était tout ce qu'on te répétait depuis que tu étais petit. À défaut d'être beau, tu étais bon. Il fallait bien cela. Continuez, je vous en prie. »

Et toi, tu continuais de boire. Tu gonflais la poitrine, le goût du vin dans le fond de ta gorge, sous ta langue ; un peu rance, un peu dur pour l'estomac. Ton esprit se déliait de ses entraves habituelles, mais voilà que tes mains gribouillaient de nouveau. Tu noircissais sur la page les contours de la pièce et à travers le carnet, on aurait pu y retrouver tous les visages ou presque d'Espero. Enfin ceux que tu trouvais beaux — beaucoup de garçons —, et ceux que tu appréciais — avec l'impression qu'on te laissait.

Une légère inspiration, discrète, l'alcool rendait le monde plus léger. Ta vieille peau aussi, c'est comme si tu oubliais que tu avais ce visage. Conscient que tous les deux, vous n'étiez pas du genre à mener une conversation, tu laissais le choix à Wilfried d'alimenter le silence ou de le briser.

Oui, peut-être qu'il te rappelait un visage. Celui du soufre, et des boucles. Mais tu avais une vague impression de ces flammes entourant ce visage. Tu n'avais en tête que toutes les mauvaises légendes sur les roux, et les Irlandais - devait-on rappeler que la Tante Rosie ne les aimait pas ?




by lilie
Wilfried
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Wilfried
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# Dim 17 Sep - 11:27
Vague à l'âme
Gargantua & Wilfried
“Oh. Vous ne m'embêtez pas.”
“Peut-être.”
“Continuez, je vous en prie.”


Tu bois de nouveau, et Wilfried te regarde faire sans un mot. Il se demande où tu en es, dans les comptes de tes verres d’alcool. Il n’irait pas compter pour toi, quand bien même son regard glisse le long de la table. L’odeur et le goût de l’alcool lui laissent une étrange sensation. Comme un trop-plein duquel il est bien compliqué d’échapper.

Tu dessines de nouveau.
Il ne dit rien de plus à ce propos.

“Des monstera. Des orchidées. J’en ai tout un balcon, et aussi dans mon magasin.”

Vraiment partout, il est vrai.
Et parfois, il ne sait plus quoi en faire, ni où en mettre. Parce que c’est comme une drôle d’addiction il en rajoute à mesure que passe le temps dans ce monde étrange. Il repousse sa bière, pour faire place à sa gamelle. Le plat du jour, c’est un simple steak et des pommes de terre grenaille passées au four, un peu de haricots avec. C’est suffisant, en tout cas pour lui. Wilfried n’a jamais beaucoup faim. Il y a des blocages, encore à ce niveau-là.

“Vous dessinez souvent comme ça ?”

Comme ça, c'est à dire dehors. Juste ce que tu vois. Il regarde, c’est le bar. Des visages sont floues, d’autres moins. Il ne fait pas de liaison quelle qu’elle soit. Wilfried n’a jamais été très attentif sur ces choses-là. Pour lui, il y a Marlène. Et uniquement Marlène.

“Des portraits ?
Gargantua
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Gargantua
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# Lun 18 Sep - 12:09


Vague à l'âme

Des monsteras ? Un froncement de sourcils, le crayon tapotant contre le carnet ; tu ne savais plus vraiment de quelle plante il s'agissait. Pourtant, tu ne posas pas la question. La crainte lancinante du jugement, celle qui te poussait à sourire dans toutes les circonstances. Sans être là, sans être vrai. Le vin piquait toutes tes artères, se déchargeait dans la toile de tes synaptases. La fatigue de ta faim, de tes journées à garder ton sourire même face aux enfants les plus fatigants. Mais voilà, sans y penser, ta main grisait les pages. Tu dessinas un balcon, dans le style de La Nouvelle-Orléans ; inspiré d'une maison coloniale. Le souvenir de la demeure de la Tante Rosie te hantait encore. Même après sa mort, tu ne t'y étais jamais senti chez toi. Et alors, tu fis des orchidées, de toutes les tailles, d'un gris plus ou moins foncé. Des plantes envahissant le balcon, comme une nature à la créativité débordante — et des fougères, s'introduisant dans la moindre interstices, ou encore des plantes grimpantes.

« Mh ? Oui. Enfin. Non. Tu te mélangeais les pinceaux, et tes doigts relâchèrent aussitôt le crayon. Tu pris une légère aspiration, à gonfler discrètement ta poitrine. Ton esprit s'embrouillait dans tes brouillons, et ta vue brouillée cherchait à faire la mise au point. Généralement, c'est ce que je vois. Puis, je continue à m'exercer, tout le temps. Pour ne pas perdre la main, haha. Tu repris une autre gorgée de ton vin, à sentir sa rugosité plonger dans les recoins de ton œsophage. Je sculpte aussi, tu ne savais plus si tu l'avais dit. Tu hésitas à demander à Wilfried de venir voir — si le cœur lui en disait —, mais tu ne savais pas comment cela serait reçu. Et au fond, tu n'aimais pas avoir des gens chez toi. C'était ton repaire, tes secrets, ta quiétude. Enfin bon, rien de très intéressant, j'imagine. Un autre petit rire, te voilà trop franc d'un coup ; ce n'était pas toi, ça, David. Tu battis des paupières. Il ne fallait pas trop s'épancher, rester discret — ah non, voilà que le vin parasitait tes pensées, à les rendre trop volatiles, et cela clignotait de tous les côtés —, tais-toi. Mais c'est vrai que j'aime bien les portraits, c'est plus acceptable. »

Plus acceptable que les monstres que tu aimais tant. Les corps déformés, les visages dénaturés, la maigreur de la famine dans tous les creux de leurs os. Tu étais un homme morbide, David. Cela se voyait au premier coup d'oeil — ta face — et dans la noirceur de ton habit. Pourtant, tu faisais croire que cela n'était pas le cas. À toujours lutter contre tes goûts. De peur d'être jugé.



by lilie
Wilfried
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Wilfried
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# Sam 23 Sep - 15:03
Vague à l'âme
Gargantua & Wilfried
Il laisse son assiette, encore quelques instants refroidir. Rien de nouveau, il a toujours eu du mal à manger depuis qu’il est ici. Il regarde sa nourriture d’un œil en coin, se demande même ce que ça ferait si soudainement il arrêtait de se nourrir. Ici, là, maintenant ? Bonne question, mais il n’a jamais essayé.

“Mh ? Oui. Enfin. Non.”

C’est vague, comme réponse.
Autant que les siennes.

“Puis, je continue à m'exercer, tout le temps. Pour ne pas perdre la main, haha.”
“Comme le vélo ?”


C’est idiot, comme question. Un non-sens. Non, pas comme le vélo. Est-ce que dessiner s’oublie ? Il l’ignore, en vérité il ignore plein de choses. Wilfried n’est pas très intelligent, c’est ce qu’on lui a toujours répété - il n’a pas été beaucoup à l’école, devrions-nous dire plutôt, deux faits bien distincts l’un de l’autre.

“Je sculpte aussi.”
“Oh ?”
“Enfin bon, rien de très intéressant, j’imagine.”
“Si.”


Il le pense sincèrement. Wilfried aime se plonger dans les passions des autres, les écouter en parler. C’est fascinant, de voir la fascination dans les regards. Il se demande si on ressent sa fascination, lorsqu’il parle de ses plantes.

“Mais c’est vrai que j’aime bien les portraits, c’est plus acceptable.”
“... acceptable ?”


Il n’est pas sûr d’avoir bien compris.
Gargantua
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Gargantua
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# Ven 13 Oct - 8:11


Vague à l'âme

​​Tu ne savais pas si Wilfried engageait la conversation par politesse, ou parce qu'il était réellement intéressé par ce que tu faisais avec tes mains. Tu n'étais pas si bon pour détecter les émotions des autres, et en vérité, tu remettais sans cesse en cause ce que tu percevais d'eux. Tu avais été un adolescent moqué pour sa sensiblerie. Mais si : ceux qu'on ne prenait jamais dans son équipe en cours de sport. Ceux qu'on se contentait d'ignorer, ou dont on se moquait dans le dos. Jusqu'au point de faire une mauvaise blague.

Dès lors, comment faire confiance ? Comment ne pas chercher le mensonge dans les mots ? Même quand ils étaient brefs, concis de la part de ton interlocuteur. Et peut-être que la vérité était ailleurs : tu ne savais pas parler de toi. Oui, les portraits au fusain que tu faisais des gens étaient plus acceptables que les monstres hantant ton grenier. Tu n'aimais la beauté que dans les corps jeunes des garçons de 20 ans, après tout.

« Euh... oui. L'une de mes collègues me dit que je suis un peu trop... enfin, vous voyez ? Non, Wilfried ne pouvait pas voir. David, tu aimais exprimer toute ta monstruosité à travers l'argile et les toiles. Disons que j'ai plusieurs styles ? De peinture, enfin. Il y a ce qui est scolaire, et ce qui va au-delà des lignes. Je pense que c'est pour cela que j'ai raté mon école d'art. »

Non. Tu te mentais et tu en avais conscience. Tu avais raté l'école d'art, car tu étais moche avec le charisme d'une huître. Il n'y avait que la vérité qui blessait, mais s'il y avait bien une chose en laquelle tu avais confiance, c'était talent. Profondément dérangeant, quand il s'exprimait sous les pinceaux et tes doigts. Tu aimais la Mort par culture et par attrait.

Quelque chose dans tes tripes remua.

Et tu avalas cul sec ton vin. Tu fixas Wilfried, le regard ailleurs - tu dissociais souvent, à fixer les gens sans vraiment voir qu'ils étaient là. L'esprit posé ailleurs.

Peut-être que c’était d’autres traits que tu voyais à la place de la banalité de ce visage. Enfin, si on oubliait la rousseur bien sûr. Tu plissas le nez, les yeux, et au loin, tu jetas ce souvenir brumeux de la grande perche et de (tu ne te rappelles pas ou tu ne veux pas)

« Quelles sont les plantes que vous avez ? Peut-être que j’arriverais à les dessiner, si vous me les décrivez. »

L’alcool te donnait des idées, te faisait apprécier autrement les gens. Tu sentais que Wilfried n’était pas plus sociable que toi, et tu ne savais pas préciser si ta présence était particulièrement dérangeante pour lui.

Par automatisme, ta main se remettait à dessiner. Parfois, elle s’arrêtait et le bout du crayon tapotait le recoin. Ah. Dommage, ton verre était de nouveau vide. Vide d’émotions et d’énergie. Il n’y avait que tes doigts pour s’animer chez toi, à dessiner des orchidées pleine de tâches.



by lilie
Wilfried
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Wilfried
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# Lun 23 Oct - 13:01
Vague à l'âme
Gargantua & Wilfried
Il y avait un quelque chose de bizarre dans cette conversation, une étrangeté qui n’était pourtant pas si nouvelle. Wilfried ne saurait dire. Il n’a jamais été doué pour interpréter autrui, toujours en décalage depuis sa plus tendre jeunesse - les autres sont des étrangers.

“Disons que j'ai plusieurs styles ? De peinture, enfin. Il y a ce qui est scolaire, et ce qui va au-delà des lignes. Je pense que c'est pour cela que j'ai raté mon école d'art.”

Il hausse les épaules et ne sait pas quoi dire.
Wilfried n’est pas éduqué. Wilfried est idiot. Et quand on est idiot, on se tait - c’est ce que lui répétait son père. Il n’a pas beaucoup de souvenirs de ce dernier, sa mère et sa sœur ainée sont bien plus présentes dans son esprit. Il ignore pour quelles raisons, à croire qu’il aurait presque peur de les retrouver.

Il inspire, en reprenant son assiette.

“Quelles sont les plantes que vous avez ? Peut-être que j’arriverais à les dessiner, si vous me les décrivez.”
“Oh euh.”


Il ignore si la proposition est réelle, ou s’il s’agit d’un moyen de se foutre de lui, de ses plantes, de ses peurs et de ses envies de rester seul chez-lui.

“Les monstera, ce sont des plantes vertes et. Des feuilles en forme de cœur, avec des trous dedans.”

Il n’a jamais été doué pour décrire les choses. Il s’en sent soudainement très honteux, comme si ce qu’il ne sait pas devenait soudainement une tare à ne pas montrer - surtout pas montrer. Encore ici, Wilfried se considère comme l’idiot du village - et il ressent le poids de l’ignorance. Ce n’est pas faute d’essayer de faire autrement, il va à la bibliothèque toutes les semaines après tout. Ce n’est pas suffisant, de toute évidence.

Il regarde son assiette, l’air nauséeux.

“Je sais pas quoi dire de plus.”
Gargantua
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Gargantua
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# Lun 30 Oct - 15:12


Vague à l'âme


Des feuilles en forme de coeur, avec des trous dedans.

Tu approuvas d'un léger signe de tête. Le crayon tenu entre tes doigts, tu le regardas un instant se balancer d'avant en arrière. Un mouvement de pendule, le temps de t'imprégner pleinement de la description de Wilfried. Il y avait le silence réconfortant, où tu percevais le léger battement de tes tempes. Tu contractas ta gorge, puis enfin, tu te mis à dessiner. Les genoux contre la table, la pointe des pieds surélevés, et ta carcasse coupée en deux, tu laissais ta magie s'exprimer.

On n'entendait que ton souffle — bruyant et fatigué —, la caresse du crayon sur le papier, tressautant sous les rainures de la table. Tes cheveux tombaient de part et d'autre de ton visage, cachant à moitié la cicatrice déformant ta face banale. Tes yeux verts avalaient les détails que tu créais, et parfois se levaient vers Wilfried.

Un pot de fleurs que tu ombras avec le bout de ton index. Puis une première branche, tracé dans un grand geste. Et voilà que la feuille prenait forme - un simple coeur, des trous à l'intérieur. Tu trouvais cela poétique au fond. Noircissant encore l'intérieur de la feuille pour donner plus de relief aux trous, tu cognas Wilfried sans t'en rendre compte. Mais pour une rare fois, tu ne formulas aucune excuse. La passion renfermait ta vision du monde, alors que ton coeur s'activait un peu plus que de mesure dans ta poitrine.

La feuille était abîmée, le dessin aussi ; les veines du support, la table un peu vieille et légèrement humide, créaient de l'imperfection. Mais aussi du mouvement. Le dessin n'en serait que plus vivant - tu n'aimais pas la symétrie scolaire des visages, appréciant l'imperfection pour son caractère vrai.

Puis enfin, tu glissas la feuille vers Wilfried. Ah. David, tu avais laissé ta modestie au placard. Tu repris ton verre de vin, la bouche pâteuse et la migraine au fond de tes tempes.

« Voilà, vous pouvez le garder si vous voulez. »

Au fond, tu espérais ne pas t'être trop emporté. Tu ramenas tes cheveux en arrière, tu grattas le début de barbe le long de ta gorge. Puis ton silence revint, avec sa gêne, son malaise. Muet, voilà maintenant que tu étais en train de t'excuser d'être là. D'avoir osé être un peu toi.






by lilie
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# Ven 3 Nov - 14:43
Vague à l'âme
Gargantua & Wilfried
Il te regarde, fasciné, tandis que tu dessines sur ses quelques rares indications. Wilfried a la passion des autres, de ceux qui savent mieux que lui. Pourtant, il sait dessiner - il l’a appris dirons-nous. Évidemment, pour son travail, il vaut mieux savoir tracer des traits sur un papier ; mais ça ne va pas plus loin. Wilfried sait dessiner, dans le sens pratique du terme. Il n’a pas la fibre artistique.

Alors de nouveau, le silence s’installe. Troublé uniquement par le bruit du crayon sur la feuille, et quelques respirations. Il s’en va alors s’intéresser à son assiette, à son steak, ses patates et ses quelques haricots.

Franchement, il n’en a pas beaucoup plus besoin.

Tu le frappes d’un moment, un coup de pied parti sous la table sans que tu ne t’en rendes comptes. Il pince les lèvres, mais ne dit rien. Il ne voudrait pas te troubler dans ton art. Une bouchée de haricots, et quelques pommes de terre. Il laisse la viande sur le côté pour le moment.

“Voilà, vous pouvez le garder si vous voulez.”

Tu lui tends la feuille. Il n’est pas sûr que ton dessin ressemble vraiment à ses monstera, dans son appartement. Probablement a-t-il mal décrit. Il faut avouer que ce fût assez succinct. Pourtant, il s’en saisit tout de même - il terminera ses jours probablement accroché, quelque part dans son salon.  C’est gentil, mais il finira par passer devant sans plus le voir.

“Merci. C’est gentil - et joli.”

Qu’est-ce qu’il pourrait dire de plus ?
Tu te saisis déjà de nouveau de ton verre de vin.

“Vous n’avez pas faim ?”

Parce que tu ne fais que boire, depuis tout à l’heure.
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# Lun 13 Nov - 9:44


Vague à l'âme


Tu te sentais presque comme un enfant, David. Une fois le dessin donné, oublié sur un plan de meuble. Tu ne savais pas ce que tu avais essayé de créer juste ici, perdu que tu étais dans tes interactions sociales. Adolescent décalé, adulte passant son temps à compenser ; voilà ce que tu étais. Et au fond, Wilfried te ressemblait bien sur certains points. La différence, c'était que toi, on avait crié au génie dès que tu avais su tenir un crayon entre les doigts. Mais tu n'avais pas été si bon à l'école, tu avais échoué dans tes études, et les portes des grandes écoles avaient refermé leurs portes sous ton nez.

À la question de ton appétit, tu te contentas d'un petit sourire gêné et fatigué. Tu avalas une autre gorgée de vin rouge.

« Non, je n'ai pas très faim. J'ai mangé tard ce matin. »

Un léger mensonge, glissé entre tes lèvres minces et ton sentiment de lassitude. Au fond, tu te demandais bien ce que Wilfried faisait encore là. Tu avais peur qu'il ne sache pas te dire quand partir, ou qu'il s'ennuyât en ta présence. Il ne parlait pas beaucoup ; soit il était d'un naturel taciturne, soit il n'osait pas te révéler combien tu étais ennuyeux.

L'alcool continuait de tamponner tes tempes, tu sentais battre ton coeur dans le bas de ta gorge. Tu sentais le vin, et il n'était que 13h. Tu craignais un jour de devenir cet oncle chiant, qui parlait de son ancien temps, entre théories de l'art et entre critique consumériste.

Bref, David, tu incarnais le poète maudit dans tout ce qu'il avait de détestable.

« J'espère que je ne vous ennuie pas trop. Tu n'arrivais pas à faire la conversation, mélangé entre les mots maladroits et ta peur de gêner. Il faut me le dire, je ne mords pas. Haha... »

Oui. Haha. Si tu savais.

Dans ta mémoire fragmentée, éclatée, tu en avais oublié qui tu étais vraiment. Tout au fond de toi, cet animal sous la peau de l'homme. Le monstre dans tes viscères. Mais que deviendrais-tu alors ? Recommencerais-tu ? Ou bien, c'était la société qui t'avait rendu aussi malade (gay) ?

Ou bien, étais-tu ici pour guérir ?

Tu te laissas tomber contre ta chaise, tes longs doigts jouant avec ce qu'il restait dans ton verre. Le vin était âcre, douloureux sur l'estomac, comme le sang que tu avais goûté et qui te laissait le souvenir à ne pas savoir comment être toi.







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# Mar 14 Nov - 16:43
Vague à l'âme
Gargantua & Wilfried
Tu avales de nouveau du vin. Etrangement, Wilfried s’en préoccupe, plus qu’il ne le devrait. Pourquoi, surtout atterrit dans son esprit. Il a bu aussi, beaucoup trop. Il a ce souvenir. Mais il ne se souvient plus - du pourquoi. D’où lui venait, ce besoin de se détruire.

“Non, je n'ai pas très faim. J'ai mangé tard ce matin.”
“Ah.”


Ah. Et c’est tout.
Il n’est pas sûr que tu dises la vérité.

Alors tranquillement, il finit son assiette. Son steak tout simple, avec des patates et quelques haricots. C’est presque fringal, tant le repas est simpliste. Mais ça lui suffit bien, à Wilfried. Il ne lui faut pas grand-chose pour être heureux. Un toit sur la tête, quelques commandes à faire, un bon repas copieux. Il se satisfait de choses simples. Alors pourquoi diable a-t-il sans cesse l’impression que quelque chose - quelqu’un - lui manque ?

“J'espère que je ne vous ennuie pas trop. Il faut me le dire, je ne mords pas. Haha…”
“Non. J’aime le calme. La compagnie calme.”


Il précise, comme s’il se sentait obligé. Ta présence ne lui est pas dérangeante, voilà tout ce qu’il veut dire. C’est suffisant alors, pour qu’il songe à t’apprécier. Pour qu’il reste en ta compagnie sans songer à se plaindre.

Il finit son plat.
Prend le temps de râcler la sauce et les derniers morceaux. Vieille habitude s’il en est - celui du manque de nourriture qui lui tient le ventre et la tête. Il te regarde - persuadé que tu ne tiendras pas debout.

“Je vous ramène chez-vous.”

Ce n’est pas une question.
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# Sam 18 Nov - 12:02


Vague à l'âme




La compagnie calme.

Il était vrai que tu n'étais pas des plus resplendissants. Mais Wilfried non plus. Et c'était parfois agréable de ne pas devoir porter de masque. Face à Sunflower, tu souriais constamment, à l'écouter sans juger. Et à faire comme si tu étais quelqu'un d'autre. Face aux élèves, tu restais ainsi pour ne pas les blesser. À toujours t'exprimer d'une voix sans colère, même quand ils te faisaient clairement chier. Tu ne voulais pas être un adulte colérique, tu ne voulais pas les rabaisser. Au contraire. Alors tu t'oubliais, à jouer une comédie alors que tu te complaisais à être un poète maudit.

Tu sentais le vin, l'aigreur, et la mélancolie. Tu sentais le garçon brisé et abîmé, abandonné au bord d'une aire d'autoroute. Tu respirais le parfum de la douleur, celle tout interne, qui pourrit sans crier. Tu sentais le sang coagulé, jusqu'à sous tes ongles.

La conversation avec Wilfried était douce, mais tu t'en retournais à tes chers démons intérieurs.

« Oh ne vous en faites pas, je n'ai pas assez bu pour être saoul. »

Parce qu'il te fallait plus. Parce que David, tu étais toujours dans la retenue. Même ici, surtout ici, où tu craignais le jugement des autres. Le souvenir des messes, des non-dits, des regards sur toi et sur la Tante Rosie. La solitude d'un autre genre.

Oui. Tu pourrais boire plus. Une fois chez toi. Cloîtré dans ton grenier à peindre, dans l'obscurité et l'humidité. À respirer la poussière et les pigments, puis à te laisser aller à cette animalité endormie dans le fond de ton ventre. Tu la craignais, tout en étant curieux de voir ce qu'elle pourrait devenir. Parfois, tes propres dessins t'effrayaient pour ce qu'ils révélaient de toi.

Est-ce qu'Espero était le bon endroit pour guérir ?

Pourtant tu te levas, tu payas ta consommation. Tu étais un peu ailleurs, déconnecté de la réalité, comme Wilfried en quelque sorte. Tu observas ses traits, sa rousseur (affligeante), la rugosité de son physique, et le caractère intemporel de ses goûts. Ici, les époques se mélangeaient. Mais même depuis chez toi, tu n'avais rien de moderne. Tu sentais le vieux.

« Dites-moi, quel est votre âge ? »

La question était venue avec toutes tes réflexions. Soudaine. L'alcool avait au moins le mérite de te rendre moins chiant.

Debout face à Wilfried, avec ta tenue noire, tes cheveux un peu gras et sombre. Avec ta cicatrice, et tes yeux verts perçants. L'acide dans le fond de la rétine, le cyanure caché dans les pigments de ta peau. Peut-être qu'il était là, ton véritable visage : tu sais celui du tueur en série qui s'est oublié et qui restait triste, affable, inquiétant.


« Mais si vous le souhaitez, on peut faire un bout de chemin ensemble. »







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# Mer 22 Nov - 12:18
Vague à l'âme
Gargantua & Wilfried
“Oh ne vous en faites pas, je n'ai pas assez bu pour être saoul.”

Il n’en est pas sûr, Wilfried. Il jette un regard, quelque peu perdu, sur tes verres de vin, descendus les uns après les autres et qui encore trônent sur la table. Il entend un ton pâteux dans le fond de ta voix. Une tendance à la réflexion qui vient avec l’alcool, lorsqu’il monte au crâne.

Il connaît, tout ça.
Il le sait, qu’il connaît.

“Dites-moi, quel est votre âge ?”
“Ah… Je n’en sais rien.”


Parce qu’on ne sait plus, parce qu’on oublie ici. Parce que tout est étrange. Parfois, il a l’impression étrange d’être infiniment vieux, bien plus que quiconque par ici. Mais en se fixant dans le miroir, il ne peut que constater qu’il porte le visage de sa trentaine légèrement entamée, et légèrement abimée également. Ses yeux, pourtant, lui soufflent le contraire. Alors l’âge qu’il a - il l’a oublié, et il préfère ne pas trop y songer. Ne pas répondre. Qu’est-ce que cela t’apporterait ? Il ne te retourne pas la question - bizarrement, il sent que la réponse serait la même.

“Mais si vous le souhaitez, on peut faire un bout de chemin ensemble.”
“Bien, ça me convient.”


C’est vrai, car cela ne revient-il pas au même ? Un bout de chemin, jusqu’à chez-toi. Il te raccompagnerait, tout pareil que ce qu’il t’a proposé plus tôt. Il se lève alors, après avoir rangé consciencieusement ses couverts sur son assiette vide.

“Je vais juste…”

Il ne finit pas sa phrase, mais pointe la personne derrière le bar. Il l’aborde alors, doucement et en soufflant, ajoute ce repas sur sa note. Wilfried est un habitué du bistrot, une tête connue parmi d'autres, il est vrai. Il n’est pas le seul, à venir ici tous les jours.

“Vous habitez l’école ou… ailleurs ?”

Wilfried est comme les enfants, à se dire que ses instituteur.rices dorment entre les murs de la classe.
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# Lun 27 Nov - 21:57


Vague à l'âme


Toi aussi, tu ne savais plus.

Tu estimais ton âge à la quarantaine, car c'était ce qui coïncidait avec le reflet du miroir. Un homme bientôt âgé, qui avait vu sa jeunesse défiler trop vite sous ses yeux. Et qui était toujours puceau. Enfin, c'était ce que tu croyais — tu n'en étais plus sûr, il y avait bien la fille que la Tante Rosie t'avait présentée. Au fond, tu te confortais dans ce message pour ne pas affronter la vérité en face.

Tu vivais plutôt celle d'Espéro, douce et un peu amère, en ayant intégré la société sans te soucier du passé. Ne restait que la cicatrice, les regards discrets sur les hommes plus jeunes. Et la peur du regard de Dieu sur toi.

« Moi aussi, je ne sais plus. Mais je crois être plus vieux que vous, ou c'est une impression. »

Wilfried ressemblait à cet enfant, dont l'habitude était d'entendre qu'il était stupide et qu'il ne servait à rien. Cela se voyait dans l'expressivité touchante de son regard, la pudeur de ses silences. Vous vous ressembliez plus fort que vous ne le pensiez, mais vous ne voyiez pas encore.

Tu payas ta part, tu hésitas à prendre aussi la bouteille. Ce qui t'en empêcha, ce fut la peur quotidienne du jugement. Tu craignais que Wilfried te voie alors comme un alcoolique notoire ; un professeur occupé à vider sa bouteille de Whisky plutôt que de faire court. Sans cela, tu te peinais à créer — alors revenaient tous les visages de la honte, noircissant la toile, et qui pourtant, brillait d'un éclat vivant avec leurs sourires.

26 portraits.

Tu laissas Wilfried payer sa part, puis tu marchas lentement vers la sortie. Le dos voûté et à t'excuser d'être là, de vivre, d'exister. Les mains dans les poches, tu te réconfortas avec le parfum de la ville, l'air du temps en train de s'épanouir au loin. Espéro ressemblait à une vieille bourgade, où jamais rien ne se passait.

« Non du tout. Lâchas-tu dans un léger rire, amusé par la question innocente de Wilfried. J'ai une maison. »

Tu avais des questions pour Wilfried. Mais tu t'empêchais de les poser ; David, tu ne voulais pas être intrusif. Alors tu respectais son silence, et une fois en route, tu te contentas de contempler le territoire calibré d'Espéro.

Au loin, la silhouette familière du garde Inuit. De ses cheveux noirs, de son visage affreux et tatoué qui prenait une autre route. Un moment de tension dans tes muscles, ton souffle suspendu dans les secondes qui défilent, jusqu'à ce que son obscure silhouette ne disparaisse.

Un léger soupir, tu te détendis sans trop comprendre pourquoi tu détestais autant sa présence - était-ce sa laideur ? Son regard incisif ?

Tu retournas ton attention sur Wilfried, ses cheveux roux. Son air constamment fatigué et hirsute. Mh. Il n'était pas plus beau.

C'était peut-être mieux ainsi, qu'on t'éloigne du charme des (jeunes) hommes.




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# Lun 4 Déc - 13:20
Vague à l'âme
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“Moi aussi, je ne sais plus. Mais je crois être plus vieux que vous, ou c'est une impression.”

Il te regarde, Wilfried. Pour la première fois réellement, il te regarde, te fixe, essaie de déterminer - qui tu es, qui tu fus. Ton âge, peut-être. Oui, physiquement, tu sembles plus âgé. Il regarde tes yeux, ce qu’il en lit, sans réellement y parvenir. Il déglutit alors, emprunt d’un mal-être soudain. Il détourne le regard.

“Hum, peut-être.”

Il se contente de répondre.
Peut-être. Parce que comme le reste, il n’en est pas sûr.

L’après-midi et son soleil doux vous accueillent une fois que vous mettez les pieds dehors. Wilfried regarde le sol. Une vieille habitude, dirons-nous. Il inspire l’odeur de la place, et de ses commerces. Il a toujours eu l’odorat sensible - parfois encore, il sent l’odeur de la poudre à canon, de la boue et du sang. Les odeurs restent dans le fond de sa gorge, longtemps. Il apprécie, ou déteste. Tout comme il apprécie le bruit de vos pas sur les pavés, le claquement régulier des semelles sur le sol. Il regarde tes chaussures. Déformation professionnelle, dirons-nous.

“Vous habitez l’école ou… ailleurs ?”
“Non du tout. J'ai une maison.”
“Ah.”


Il se sent soudainement très bête, Wilfried.
Alors il baisse les yeux, comme toujours.

Vous passez aux côtés de l’un des gardes. La Protektado, Wilfried n’en pense pas grand-chose. Parfois, il en ressent un drôle de mal-être également, sans qu’il ne parvienne à l’identifier mais c’est parce qu’il a fait parti d’une milice similaire, à arrêter autrui sur ordre des supérieurs, à surveiller, le bien de tous, mais ces pauvres gens étaient innocents - Wilfried ne faisait obéir, disait-il, c’était eux ou moi, mais où a-t-il fini ? Il a brusquement envie de vomir, une nausée soudaine. Ça ne vient pas du garde, ah non. Autre chose. L’ambiance, peut-être. Probablement.

“Où ça ?”

Il finit par demander.
Afin de faire passer ce mal-être.
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# Ven 8 Déc - 13:19


Vague à l'âme


Tu l'attrapas au vol. Le moment d'absence de Wilfried, la sensation de le voir partir ailleurs dans sa tête. Alors tu fronças les sourcils, David. Inquiet sans pour autant poser de questions. Tu crus que ce fut la présence de Forsaken qui l'importuna — c'était plus simple de tout rejeter sur son dos, lui qui était si froid et détestable —, sans parvenir à mettre le doigt sur son malaise. Alors tu t'en retournas à ton silence, partagé entre l'envie de commérer — soutenir Wilfried —, et ton incapacité à maintenir une conversation à flot.

Tu avalas ta salive, ta pomme d'Adam monta et descendit le long de ta gorge. Où ça ? La phrase murmurée à demi-mot, dans la pudeur du malaise évident du rouquin. Alors tu te contentas de lever le bras, et de désigner le bout de la rue. Ta maison était éloignée des autres, coincée dans un jardin pauvre en plantes.

Tu cherchais désespérément un sujet de conversation, fatigué de tous les efforts que tu faisais dans tes interactions sociales. Inquiet que ta présence ne gêne encore plus Wilfried. Tu sentais l'air rafraichir ton esprit aviné, et l'envie de peindre revenait en force.

Une partie de toi cherchait du lien. Et vous, comment avez-vous vécu votre arrivée ici ? Déporté de votre. réalité, avec tous les souvenirs fragmentés.

(Comme des corps dans un congélo)

Tu te raclas la gorge.

« Vous avez beaucoup de clients ? Est-ce que c'est vrai que les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés ? »

Tu t'essayais à l'humeur, et visiblement, cela ne te réussissait pas. Malgré le sourire doux sur ton visage trop laid, malgré ta voix qui était montée dans les aigus. Tu ne savais pas s'il fallait rire de tes propres plaisanteries, alors tu laissas le silence.

Ta maison s'érigeait au bout du chemin. Elle ressemblait grossièrement à celle de ton enfance, sans les grilles en métal pour délimiter son territoire. Elle était vieille, tout en pierre, un peu cassée et fissurée. Les courants d'air étaient nombreux entre ces murs. Au fond, elle avait ce côté désuet qui te collait à la peau. Une maison coloniale de la Nouvelle-Orléans. Avec au fond du jardin un pommier que tu peinais à entretenir. C'était ton point de repère. L'humidité des murs, la grande porte en chêne, le froid.




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# Sam 16 Déc - 11:26
Vague à l'âme
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Un doigt pointé vers l’avant, qu’il suit du regard sans rien dire. C’est une maison toute simple, en pierres, avec un petit jardin. Une peu triste, qu’il pense, mais son appartement n’est probablement pas plus enthousiasmant. Il y voit un pommier, et quelques plantes difficilement entretenues. Il plisse le regard. Non, il n’aime pas cette maison.

“Vous avez beaucoup de clients ? - il hausse les épaules en guise de simple réponse - Est-ce que c'est vrai que les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés ?”

Il regarde ses chaussures. De toute évidence, il ne comprend pas l’humour, et sent une pointe légère dans le fond de sa poitrine. Il est vexé, que tu puisses penser une telle chose. Puis il se rappelle. Wilfried ne se porte pas bien sur lui. Il a des vêtements simples, uniquement trois tenues dans son armoire si on compte celle qu’il porte pour aller à la messe le dimanche. Quelques paires de chaussures, toutes parfaitement entretenues. Un tablier et des gants de cuir qui sentent la caisse et le cirage, un peu comme lui. Ses vêtements sont un poil trop grands, pour lui qui est toujours resté maigre depuis son arrivée.

Wilfried fait peine à voir.
Alors il préfère esquiver la question.

“J’arrive à avoir de l’activité. Disons que je n’ai pas beaucoup de concurrence, par ici.”

Alors il peut entretenir une clientèle. Et puis, on ne crée pas beaucoup par ici, on économise les ressources. Il fait plus de réparation que de créations originales - ça lui manque, parfois, il faut avouer. Mais il parvient à vivre, et à ne pas s'ennuyer. Il fait de la petite maroquinerie également, des ceintures, des porte-monnaies, portefeuilles. Il tanne lui-même son cuir, il a fallu apprendre ça.

Il regarde ton pommier.
Il est un peu triste - comme ta maison.

“Vous devriez le tailler. Le pommier. Il faut retirer deux fleurs sur trois environ. Pour avoir de beaux fruits. Et aussi l’élaguer, un peu.”

Il n’est pas sûr que ses conseils soient suivis.
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# Mar 2 Jan - 11:37


Vague à l'âme


Tu étais si toi, David, trop toi. La marque d'humour se tarit face au regard de Wilfried. Tu rangeas alors tes mains dans tes poches, perdu dans tes pensées à contempler le pommier. La vieille maison avait des allures sinistres, quelque chose qui se collait sur l'épiderme. Une moiteur d'été, un air d'humidité emplissant tous tes poumons. On pouvait presque ressentir sa salubrité, ses secrets, les toiles et les sculptures inachevées encombrant le grenier. Le sol était légèrement collant quand on avançait sur les marches.

Wilfried te parla de l'arbre, et tu t'arrêtas pour examiner le cordonnier. Tes yeux étaient aussi verts que ses pommes, emprunt d'une morne expressivité. Au contraire de celle de Wilfried. S'il ne souriait pas avec ses lèvres, ses yeux pouvaient renvoyer ce qu'il ressentait. Là était toute la nuance. Il était simple, tu étais complexe. En apparence. Tu te fis la promesse d'éviter le second degré avec lui, afin de ne pas causer du heurt dans votre relation.

Mais au fond, tu ne sus pas exactement ce que sa remarque t'avait fait.

Tu n'étais pas vexé, il en fallait bien plus. Pourtant, cela te rende profondément pensif. Tu te rappelais d'une silhouette similaire dans la maison de la Tante Rosie. Et tu avais peut-être tenté de façonner cet endroit à l'image de tes souvenirs. Le jardin laissé à l'abandon ; tu préférais quand la nature reprenait son territoire.

« Oui, il faudrait, merci. »

Lâchas-tu d'une voix absente.

Au fond, tu avais envie de creuser un peu plus la terre tout autour de cet arbre. Te raccrocher aux souvenirs qui te restait, tout en étant terrorisé du jugement de Dieu. Tu avais fait quelque chose, David. Pour être ici. Wilfried, le cordonnier, son rôle d'artisan. Sa placidité ou sa mollesse. Un Saint-Simon perdu dans ce village. Et soudain, tu lui demandas :

« Vous êtes chrétien ? »

Parce que toi, tu étais protestant. À protester contre ta véritable nature, dissimuler sous ton éducation et tes sourires. Ici, marchais-tu près du Diable. Tu croyais qu'Espéro était ta rédemption, le chemin de croix que tu devais parcourir pour te racheter.

Pour la Tante Rosie, il y avait deux catégories d'humains. Les bons chrétiens et les autres. Un jugement de valeur qui rachetait selon elle les personnes racisées. En quelque sorte, elle aimait les bons sauvages. Cela lui rappelait Voltaire, l'époque coloniale ; la Nouvelle-Orléans baignée dans sa culture métisse. Le culte de la mort tout autour de ton enfance, les Iwas, tu t'en étais abreuvé avec un peu de mépris. Comme un père qui jugeait les croyances des enfants, sans leur dire qu'elles étaient fausses. L'attrait de l'exotisme, ton orientalisme, tes biais racistes.

Et d'un coup, tu ne savais pas pourquoi, tu ressentais le besoin de savoir. Pour Wilfried, qui était son Dieu, et comment le priait-il. Gangréné que tu étais par ton démon de Tante.




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